Les trottoirs de Mayotte....
Attention, note affreuse
Je vais vous parler aujourd'hui des trottoirs de Mayotte. Le Génie Civil est la branche civile du Génie Militaire crée par Napoléon pour le transport des armées par voies terrestres. Dans Génie Civil, il y a Génie....preuve à l'appui,je vais vous démontrer que le Génie existe bel et bien à Mayotte.
Prenons au hasard le grand Boulevard des Crabes qui relie les villages de Labattoir et Pamandzi à Dzaoudzi. Des ravines tout au long du trottoir permettent l'évacuation de l'eau en cas de fortes pluies ou de grosses marées.
A y regarder de plus près, on s' aperçoit que les grilles sont complètement rouillées et ne tiennent plus en place. Quand je rentre le soir à pied et que je longe ce fameux boulevard, j'ai plutôt intérêt à regarder ou je marche. On trouve parfois des tongs près des ravines qui indiquent que quelqu'un s'est pris les pieds dedans et a cassé la lanière de la chaussure. Mieux vaut continuer pieds nus dans ce cas...!!
Une ruelle pas bien loin de chez moi m'offre tous les matins ce joli spectacle: la ravine sert aussi de poubelle aux bouénis qui déversent leurs épluchures après le repas. Vu de ce coté-ci, pas de problème....
...mais de l'autre côté, c'est un véritable traquenard qui attend les enfants. Ceux-ci ont l'habitude de jouer dans les caniveaux, et en période de fortes inondations, les petits se retrouvent coincés sous les grilles: c'est la noyade assurée pour quelques uns chaque année.
Un trottoir se termine et un autre commence: entre les deux, un interstice de quelques centimètres: le calcul a été bien fait sur ce coup-là.
Les niveaux ne sont pas respectés et il n'est pas rare de se prendre les pieds dans les blocs de trottoirs. Quand on marche dessus, ça fait ploc-ploc, comme si le bloc allait se détacher d'une minute à l'autre. J'ai juste l'impression de manquer de passer à travers à chaque pas.
Et, près du Four à Chaux à Labattoir, nous avons le plus beau de tous: le trottoir épouse magnifiquement la forme de la maison qui borde la rue.
A tel point que vers la fin, il ne reste plus qu'une vingtaine de centimètres pour poser nos pieds.
L'instinct de survie dans le monde animal est la chose qui m'épate le plus. Nous sommes capables d'aller chercher des ressources inexplorées dans un coin de notre cerveau pour continuer à vivre. Le mien m'a soufflé un jour de divine grâce la solution miracle: celle de marcher sur la route...
Il est bon de retenir que ma note porte sur les trottoirs, ce qui suppose que nous en avons; certains villages ne sont pas aussi gâtés et les piétons se contentent de marcher sur le bas-côté de la route.
Je pense très franchement que ce bon vieux Napoléon, s'il devait revenir parmi nous, pousserait une gueulante tellement énorme qu'on l' entendrait du fin fond de l' Ouganda, à voir ce que les hommes en ont fait de ce fameux Génie Civil....
Kaay à Mayotte