Vide....
Passé le temps de la colère, de la montée de l' adrénaline, de l' excitation et de la haine anti-blancs, voici venu le temps de la peur chez les clandestins de Mayotte. La peur des représailles de la part des forces de l' ordre et de la part des Mahorais.
Mamoudzou s'est vidée de sa population clandestine, qui représente la moitié de ses habitants. Pour ceux qui connaissent la capitale, voici une image rare: la place de la BFC ( Banque de l'Océan Indien ) vide de ses vendeurs à la sauvette qui portent habituellement à bout de bras les montres de pacotille, les parfums à 3 euros et les téléphones portables en plastique.
Les clandestins se terrent en attendant des jours meilleurs. Dans quelques jours, ils recommenceront à sortir: il faudra bien vendre des oignons sur la place afin d'acheter le lait pour le bébé et le riz pour la famille.
Le Préfet de Mayotte a fait venir des renforts par avion, ce qui laisse présager que les jours prochains vont être mouvementés. Déjà, les camions de gendarmerie remplis de sans-papier traversent Pamandzi et déversent le produit de leurs rafles dans les locaux de la PAF. Les bandes rivales de Labattoir et de Pamandzi, ennemies pour l' éternité, viennent d'instaurer une trêve à leurs querelles et allient leurs talents respectifs pour " aller casser du clando..."
La barge de 13h est tout aussi vide et me laisse le choix de la place. Je savoure ces instants de calme, bien loin de la cacophonie habituelle. Les rares passagers ont l' esprit serein de ceux qui ne craignent pas les contrôles d' identité, parce qu' ayant le passeport français sur eux.
Hasard du calendrier, le Secrétaire d' Etat chargé de l'Outremer Yves Jego est à Mayotte pour deux jours. Les services municipaux se sont donc empressés de faire place nette à Mamoudzou afin d'effacer toutes traces des évènements de jeudi. La chambre est rangée et Papa ne va pas gronder....
Quoiqu'il en soit, certaines peurs viennent de naître: fini le gentil clando qui faisait presque pitié, on sait maintenant de quelle reconnaissance il est capable envers ceux qui le nourrissent, même s'il ne nous laisse pas le choix.
Environ 30% de la population à Mayotte est clandestine. Imaginez qu'en France il y ait 25 millions de sans-papier, vous aurez une certaine idée de l'ampleur. Lorsque ces 30% se rebellent, même si on peut en comprendre la raison, ça fait des dégats que les forces de l'ordre ne peuvent entièrement contrôler. Témoins les voitures cassées, les motos brûlées, les visages frappés.
Il aurait été plus judicieux de la part des Anjouanais de retourner leur colère contre leur propre gouvernement, mais visiblement il leur a été plus facile de s'en prendre à l'Etat Français à travers nous. Si seulement cette énergie pouvait se concrétiser un jour dans leur pays, ils pourraient faire avancer les choses...
Merci à TFI d' avoir passé un reportage de 15 secondes au J.T. de 20h jeudi pour montrer l'île de Mayotte à feu et à sang, le temps suffisant pour inquiéter les nôtres en métropole sans leur donner plus d'explication. Merci surtout de ne pas en avoir parlé le lendemain pour dire que l'ordre était rétabli. Il est vrai que le tailleur haute-couture de Carla Bruni-Sarkozy en visite chez la Reine d'Angleterre a monopolisé toute l'actualité. On ne peut pas être partout...!!
MSN n'a jamais autant cliqué sur mon écran et il m'a fallu rassurer famille et amis et leur dire que, oui, si jamais ça barde trop, on viendra squatter chez vous, promis. Mais nous ne sommes pas un pays en guerre et le jour n'est pas venu ou des clandestins me chasseront de chez moi.
En attendant, bon week-end à tous. Je vais jardiner demain et espère prendre de belles couleurs sur mon visage qui décidemment est beaucoup trop blanc..
Kaay à Mayotte.