Koh Lanta...
Alors que je zappe royalement la Star'Ac, Secret Story et autres émissions raffinées que la télévision nous réserve, j'avoue sans aucune honte consacrer un peu de temps 6 semaines par an à mon émission favorite: Koh Lanta.
Les paysages magnifiques, l'impression d'être seuls au monde, la débrouillardise des uns et la paresse des autres me font frémir chaque semaine.
L'équipe des Tayaks, les rouges vont donc affronter celle des Mingaos, les jaunes, avec des épreuves physiques ou chacun tentera de donner le meilleur de lui-même avant de former une seule et même équipe au moment de la réunification.
Chaque semaine, je m'inocule donc ma dose de sadisme en regardant les candidats prêts à bouffer tout le monde sur les reportages tournés post-Koh Lanta et qui craquent au bout de trois jours parce que papa et maman leur manque. Ou qui pleurent parce qu'ils ont faim. Les chefs d'entreprise tyranniques, les mères de famille wonder-women, les fils à papa, les grands sportifs, les beaux gosses et les petits gros, tous se révèlent dans cette aventure aux confins de leur monde ordinaire.
Les citadins plus habitués à chasser la nourriture à grand coup de chariot au supermarché se retrouvent for dépourvus devant la nature pourtant généreuse en victuailles. Entre les cocotiers, les bananiers, les arbres fruitiers qui poussent en abondance, le manioc, les poissons et les crustacés, tout l'art consiste à ne pas mourir de faim et à savoir gérer les réserves. D'ailleurs, pourquoi les joueurs ne mangent que la racine du manioc, alors que les feuilles sont très comestibles..?? à Mayotte, les feuilles de manioc au lait et à la pulpe de coco portent le nom de MATABA. Il faut aimer, ça a un peu le goût des épinards, mais quand on est en manque de verdure, c'est excellent.
Pour corser le manque de confort, encore faut-il plaire aux autres joueurs de la même équipe pour ne pas se faire éliminer rapidement. Je m'étonne toujours de ce que les plus vaillants partent rapidement tandis que les geignards restent souvent jusqu'au bout. Il ne suffit donc pas d'être un chasseur-pécheur-bricoleur-ingénieux émérite pour gagner, il faut aussi savoir être fourbe, de mauvaise foi et un tantinet opportuniste pour espérer survivre parmi les loups. Il me semble que dans la nature, ce sont les plus faibles qui partent en premier, loi de la jungle oblige. Pourtant, en dépit du total dépouillement des invités, c'est encore la loi du fric qui règne puisque le gagnant ramassera quelque chose comme 100 000 euros.
C'est toute cette ambiance finalement très humaine que je prends plaisir à retrouver chaque vendredi soir. A la maison, après être passé au Burger Mahorais, nous branchons le répondeur pour ceux qui auraient l'inélégance de vouloir nous téléphoner, nous nous installons sur le canapé et nous partons pour deux heures de petits frissons à grand coup de "mais il est con, lui....pourquoi il a fait ça...".
Veuillez donc ne pas me déranger ce soir parce que je suis aux Philippines.
KOH LANTA pour en savoir plus.
Kaay à Mayotte