Au ralenti...
Vous le savez, nous sommes dans le mois du Ramadan. La ferveur religieuse bât son plein, les mosquées sont allumées jusque tard dans la nuit, et on ne refuse pas l'aumône aux nécessiteux.
Qu'est-ce que ça change pour nous, les m'zungus ? rien. Ah si, des détails, des broutilles, des petits riens qui ne valent même pas le temps que je vais passer à écrire cette note: l'île tourne au ralenti pendant un mois. Les magasins ferment leurs portes à 16h, les administrations à 14h. En effet, l'après-midi est consacré à la cuisine qui remplira les estomacs affamés et les femmes quittent donc leurs postes tôt en après-midi (ou tard en matinée) pour effectuer cette tâche quotidienne. Le repas sera pris en famille, 30 personnes au bas mot, et il n'est pas question d'expédier les préparations culinaires en 20mn chrono. La STM s'y met aussi, et à partir de 17h30, vous n'aurez qu'une barge par heure pour traverser le chenal. Si vous la ratez, tant pis pour vous, vous attendrez une heure.
L'île se vide de ses habitants en journée et nous avons les rues des villages pour nous tout seuls. Les plages aussi, à l'exception des enfants qui ne vont à l'école que le matin et en profitent pour jouer au foot sur le sable.
Nous avons donc toutes nos matinées pour aller à la Poste, courir à la banque, aller payer les factures d'EDM et SOGEA, essayer de trouver quelqu'un chez France Télécom qui viendrait régler le problème de ma ligne en dérangement, et aller gueuler...pardon, faire une réclamation... à la SIM qui nous impose une augmentation de nos charges sans aucune justification écrite. Sans oublier de faire la queue à la Sécu pour tenter de comprendre pourquoi les remboursements des visites médicales mettent plus de 6 mois à être sur nos comptes bancaires, vous comprendrez que le mois du Ramadan ne change pas grand' chose pour nous, les m'zungus.
Et en congé aujourd'hui, je me suis rendue chez Score-Labattoir vers 16h30 pour y acheter du White Spirit. J'ai compris ou étaient ces braves gens que pensais en train de prier. La queue était monstrueuse de bouénis venues acheter le sac de mabawas (ailes de poulet) en promo. J'ai presque été soulagée quand j'ai vu que le supermarché n'avait pas le White dont j'avais besoin, parce qu'il n'y avait que deux caisses ouvertes sur les huit que comptent le magasin.
En gros, si Mayotte tourne au ralenti durant le mois du Ramadan, j'ai bien peur nous ne soyons obligés de speeder comme des bêtes pour compenser ce ralenti.
A moins d'adopter la philosophie ambiante qui veut que tout ce qui peut être fait aujourd'hui peut sans aucun doute attendre demain.
Kaay à Mayotte